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Lundi 22 Novembre 2004

Summertime - LSZ




Summertime .... and the livin' is easy

Mercredi 3 Novembre 2004

Ma diagonale des fous (2/2) - LSZ

Ceci est la suite du récit d'une course de montagne s'étant déroulée à La Réunion du 22 au 24 Octobre 2004.

Samedi 23 octobre 2004, Cilaos, 03h30, réveil


Une voix chuchotte: "Lionel, ..., Lionel". Mais qu'est-ce qu'il se passe ? Je commence juste à m'endormir ! J'ai froid, recroquevillé sur moi-même, la casquette vissée sur la tête, entiérement recouvert de la tête aux pieds par ma couverture de survie, je ne bronche pas. La voix se rapproche, une main se pose sur mon épaule, me secoue légérement. Non, c'est pas un mauvais rêve, c'est Manu qui me cherche parmi les concurrents affalés sur le sol de la salle de sport de Cilaos. Je sors la tête de mon couchage de fortune: "Qu'est-ce qu'il y a ?" - "On y va déjà ?"
Rapide coup d'oeil sur la montre, il est déjà 03h30, effectivement, il est temps de repartir. J' ai l'impression de na pas avoir dormi. Je range rapidement mes affaires et me dirige vers le refectoir. Rapide coup d'oeil autour de moi: il y a beaucoup moins de monde qu'à notre arrivée. La plupart des concurrents sont déjà repartis. Le doute m'envahit, on n'aurait peut-être pas dû faire une halte aussi longue. J'avale rapidement une puis deux tasses de café bien sucré. La journée sera longue, mieux vaut avaler quelque chose de plus consistant, et je me force à ingurgiter une assiette de pâtes (beurk). Manu va voir les podologues pendant que je squatte une derniére fois les toilettes (maudite diarrhée qui ne me quitte pas).

03h59, départ de Cilaos


Nouveau pointage au départ de Cilaos, Parny a abandonné, Esparon est déjà dans son lit et nous, nous repartons. Nous avançons seul dans la nuit, hésitons sur le chemin à prendre (nous ne connaissons pas la portion du GR menant des anciens Thermes de Cilaos au début du sentier du Taïbit). Physiquement nous nous sentons bien ,et rattrapons sans effort plusieurs groupes de concurrents. Le jour se léve lorsque nous arrivons au point de ravitaillement situé au départ du sentier du Taïbit.

06h00, départ pour le col du Taïbit


Plusieurs dizaines de concurrents se sont attardés au pied du Taîbit. C'est une des difficultés de la journée avec ses 950 métres de dénivelé positif. Un des bénévoles de la course propose de ramener à Cilaos ceux qui souhaiteraient jeter l'éponge. J'ai bien envie de lui dire qu'on s'est pas fait 'c...er' à faire tout ça pour abandonner maintenant !
On ne remplit pas les camels bak (ben oui , y a plus d'eau dans la citerne), et aprés un dernier café bien sucré, on se remet en marche, trés volontaires tant du point de vue physique que moral (on a bien du doubler une quarantaine de concurrents sur les deux derniéres heures, et même si on se fiche du chrono, ça donne des ailes ...).
Aprés environ une heure de marche, on perçoit une odeur de feu de bois. Deux supporters sont sur le bord du sentier, en train de préparer une tisane pays. Ils nous applaudissent, nous interpellent:" Bravo les gars, c'est formidable ce que vous faites." "Tenez, vous prendrez bien un peu de notre tisane, même les premiers en ont pris, on appelle ça l'ascenceur. Avec ça , vous allez monter le taïbit sans effort". Qu'imaginez vous que l'on fasse ? C'était trés bon, merci encore à ces deux sympathiques supporters.
Nous repartons et atteignons le col du taïbit une heure plus tard. Marla est en vue, à environ une demi heure de descente. La journée s'annonce bien, nous sommes montés trés facilement malgré mon probléme de diarrhée. Malheureusement, dans la descente, Manu grimace, une vieille douleur du genou se réveille, nous ralentissons et n'atteignons Marla que vers 09h00.

09h06, arrivée à Marla


Surprenante ambiance que celle du poste de ravitaillement de Marla.
Il y a encore beaucoup de concurrents, il y a de la musique, on y mange, on y boit (et pas que de l'eau), certains fument (et que du tabac à priori ;-) ), beaucoup lézardent au soleil, certains dorment à poings fermés ...
Mon abdomen gargouille, j'investie en urgence les toilettes, visiblement sous dimensionées. L'un est condamné, le deuxiéme déborde, quand au troisiéme, il n'y a plus de chasse d'eau (tant pis pour ceux qui passeront aprés moi). A tout hasard, je passe voir mes confréres du PC médical à la recherche d'anti-diarrhéique: ils sont au refectoir me signale une charmante infirmiére, et de toute façon ils n'ont pas ce que je cherche. Tant pis, je me dirige vers le refectoire, m'innonde de coca et de soupe au vermicelle, fait une orgie de Mars, et, toujours non rassasié, poursuit par une énorme assiette de riz accompagné du désormais traditionel poulet grillé. Repus, je rejoins Manu. Il est allongé sur le sol, comme une vingtaine d'autres concurrents, et commence à s'endormir. Aprés la (mauvaise) nuit que nous venons de passer, il n'est pas besoin de trop se forcer pour s'abandonner à une pause dans un endroit aussi agréable que Marla.
Manu a déjà rejoint les bras de Morphée depuis une dizaine de minutes quand un bénévole de la course nous rejoint, nous et la vingtaine d'autres concurrents :
" Eh, les gars ! Vous devriez sérieusement envisagé de repartir maintenant. Le parcours est beaucoup plus long et plus dur cette année. Il vaudrait mieux ne pas perdre de temps pour repartir, vous risquez de vous retrouvé hors délai avant d'arriver à Saint-Denis".
Mais qu'est-ce qu'il nous raconte celui-là. Voyons, nous avons déjà parcouru 80 km en 29 heures, et il nous reste 31 heures pour parcourir les 60 km qui nous séparent encore de Saint-Denis. On a largement le temps d'arriver dans les délais impartis. Nous sommes plusieurs à le lui faire remarquer, avec plus ou moins de gentillesse selon que l'on ait plus ou moins (bien/mal) dormi la nuit précédente. Il acquiesse et disparait, avec l'air penaud de celui qui vient de se rendre compte qu'il nous emmerde.
10h15, Manu ronfle bruyament depuis plus d'une heure. Cela me gêne un peu de le réveiller, mais bon, il y a encore du chemin à parcourir. Je le secoue, "eh Manu , tu dors ?" ... "Non !". Eclats de rire autour de nous. Il émerge rapidement, étonnament frais. Cette petite sieste l'a bien requinqué. Nous repartons.

10h30, départ pour Trois Roches


Nous reprenons le GR1 , direction Trois Roches. C'est un sentier agréable, sans grandes difficultés, traversant une forêt de Filaos. Nous atteignons une passerelle, et aprés une courte montée, atteignons un col offrant une vue magnifique sur le sud du cirque de Mafate. Le tableau serait idyllique sans ces problémes intestinaux me contraignant de m'arrêter toutes les demi-heures derriére un buisson.
Nous redescendons sur la plaine aux sables qui est en fait un plateau herbeux contrastant fortement avec les paysages que l'on retrouve ailleurs dans le cirque. Enfin, nous rejoignons le lit de la riviére des galets pour atteindre le site pittoresque de Trois Roches.

12h00, arrivée à Trois Roches


Le site de Trois Roche est une merveille géologique unique dans Mafate. Il s'agit d'une dalle de basalte étonnament plate, au travers de laquelle s'écoule par une profonde et vertigineuse fissure la riviére des galets. Nous refaisons le plein d'eau, et repartons. A partir de ce point et juqu'à Deux Bras, Manu et moi n'avons pas la moindre idée de la topographie du terrain que nous découvrons pour la premiére fois à l'occasion de ce Grand Raid. Nous enchainnons plusieurs montées et descentes au gré des ravines, direction Roche Plate. Sur le chemin, nous croisons de nombreux touristes (gros sacs sur le dos, grosses chaussures, coup de soleil, suant sang et eau), croisons quelques mafatais (savates deux doigts, marchant glissant volant sans efforts apparents de pierre en pierre). Les estimations de temps restant à parcourir jusqu'à Roche Plate variaient du simple au double selon que l'on interrogeait les uns ou les autres. On ne savaient jamais vraiment à qui se fier. Enfin, la présence de quelques champs cultivés et des premiéres maisons annonçent la proximité de l'ilet de Roche Plate. Il était temps, je commençais à manquer de papier toilette ...

14h11, arrivée à Roche Plate


Il y a encore beaucoup de monde qui se ravitaille lorsque nous arrivons Manu et moi à Roche Plate. L'ambiance n'est pas sans rappeller celle de Marla avec ces nombreux concurents qui s'abandonnent aux bras de Morphée autour du poste de ravitaillement. Mes problémes intestinaux se rappellent à mon bon souvenir. Les confréres du poste médical ne sont (étonament) pas mieux pourvus que ceux de Marla en anti-diarrhéique. Ils me proposent de me reposer sur un lit picot du poste médical. Je décline cette proposition déguisée à l'abandon. Ce probléme m'em***de depuis le côteau KERVEGUEN, je ferai avec jusqu'à Saint-Denis s'il le faut. Direction le ravitaillement: malgré mes explications, la bénévole ne comprend pas qu'il ne faut pas se reservir de mon gobelet en plastique pour les autres raideurs. Je finis donc par le jeter moi même à la poubelle.
(Note sur l'hygiéne des stands de ravitaillement:
Il me semble qu'il existe quelques problémes d'hygiéne. En fait, celà m'avait choqué dés le premier poste de ravitaillement: les gobelets, fourchettes, cuilléres couteaux en plastiques ne sont pas à usage unique, des raisins secs et du sel diposés en vrac, et dans lesquels ont plongé des centaines de mains dont on doute qu'elles fussent lavées aprés chaque pause pipi (ou autre), constituent autant de sources possibles de contamination qui me paraissent être à l'origine des problémes intestinaux que j'ai rencontré durant la course.
)
Un forestier de l'ONF avec lequel j'entame une discussion, me fait part de son admiration pour nous autres raideurs de fin de peloton, qui en bavons autant que les premiers, mais faisons durer le plaisir 40, 50 voire 60 heures. Il est surpris d'apprendre qu'il reste encore beaucoup de monde derriére nous. Il connait bien la course, y ayant déjà participé 3 fois. Il fait même parti de cette élite capable de boucler l'épreuve en 25 heures. Je le regarde un peu comme un extra-terrestre, moi qui 35 heures aprés le départ, n'ai encore effecué que les 2/3 du parcours.
Il m'annonce 6 heures de marche pour rejoindre Deux-Bras, le prochain grand poste de ravitaillement où nous comptons nous reposer quelques heures Manu et moi, avant d'attaquer le dernier tronçon qui nous conduira à Saint-Denis. Six heures, c'est 2 fois le temps de parcours que j'avais estimé pour arriver à Deux-Bras, ce qui nous ferait arriver vers 21 heures, soit 30 minutes avant l'heure au delà de laquelle nous serions déclarés hors délai et contraint à l'abandon. Six heures pour parcourir 15 km, essentiellement en descente, j'ai de sérieux doutes sur la fiabilité de cette information, quand bien même me vient-elle d'un forestier qui connait Mafate sur le bout des doigts. Nous nous remettons en route, le temps passe vite ... il est déjà 15h15.

15h45, arrivée sur la Bréche


Aprés une demi-heure d'une montée peu raide nous laissant tout le loisir d'admirer le cirque de Mafate, nous arrivons sur La Bréche, formidable belvédére sur le cirque. Il y a quelques années, un cyclone a emporté le sentier à cet endroit, laissant un étroit passage à flanc de paroi, dominant la riviére des Galets située quelques 1000 métres sous nos pieds. Le passage a été sécurisé par l'ONF, avec main courante sur la paroi et même escalier en béton. C'est l'un des points "engagés" du parcours 2004, qui si il ne présente pas de réelles difficultés, ne tolére aucune erreur, sauf à vouloir établir le record absolu de descente la plus rapide dans Mafate. C'est le genre d'endroit où l'on n'a qu'une envie: s'asseoir et s'en mettre plein les yeux. Ce sera malheureusement pour une autre fois. Sans s'arrêter, nous nous engageons dans la descente vers le riviére des Galets, direction ilet aux Orangers. Le calvaire de Manu commence, sa tendinite du genou le fait grimacer un pas sur deux ou presque. Nous décrochons d'un petit groupe de concurrents qui se met à courir.

16h30, arrivée à l'ilet aux Orangers


Manu semble en avoir vraiment bavé dans cette descente sur l'ilet aux Orangers, constitué en partie d'éboulis trés traumatisant pour les articulations qui n'en demandaient pas tant. Il m'annonce qu'il n'ira pas au delà de Deux-Bras. Il m'a déjà fait le coup à Cilaos, aussi je pense encore pouvoir le faire changer d'avis aprés un bon repas chaud et quelques heures de sommeil. Le petit groupe de cabris qui est descendu au pas de course est encore là. En fait, depuis Marla, nous ne faisons que les croiser, se doublant et se redoublant à qui mieux mieux. Ils marchent plus vite mais s'arrêtent souvent. Nous marchons plus lentement mais ne nous arrêtons jamais. Et finalement, nous progressons au même rythme. Aprés une vingtaine de minutes, nous repartons. Le soleil est déjà derriére les montagnes, la température commence à chuter, et nous tenons absoluement à arriver avant la nuit tombée. La descente le long de la canalisation des Orangers est un régal pour les yeux. Aprés environ 50 minutes d'une descente à la queu leu leu sur un étroit sentier, nous rejoignons le lit de la riviére des Galets. Nous marchons dans le lit de la riviére. Aprés environ 5 km et plusieurs passages à guets sur de gros blocs disposés en travers de la riviére, nous arrivons (enfin) à Deux Bras.

18h37, arrivée à Deux-Bras


Les militaires des FAZSOI ont en charge ce poste de ravitaillement que je trouve bien mieux organisé que celui de Cilaos. Manu, trés éprouvé par la descente, jette l'éponge définitivement. Il me faudra donc continuer seul.
à suivre ...

[ Je reprends donc ce récit à la date du 03/09/05, soit plus de 10 mois aprés ma participation au Grand Raid 2004; les souvenirs sont malgré tout encore trés précis ]

A mon arrivée à Deux-Bras, je commençais à être vraiment éprouvé sur le plan physique: fatigue, courbatures, pieds en compote. Ma toute premiére préoccupation, avant même de me restaurer, a donc été de rendre visite aux podologues. Evidemment, je commençais à être vraiment sale; il a donc fallu se rendre préalablement à ce que j'appellerais "l'espace décrassage", c'est à dire une toile de tente de l'armée dans laquelle les militaires avaient amené l'eau courante 'froide', quelques lavabos et du savon. J'éprouvais quelques difficultés à mobiliser encore mes muscles endoloris pour lever une jambe afin de mettre un pied dans un lavabo. Il se trouve que les autres raideurs présent autour des lavabos étaient aussi dans le même cas; on était tous visiblement dans un état de fatigue avancé, ce qui nous amusa et nous rassura aussi sur nos capacités à rejoindre l'arrivée. Aprés une toilette 'sommaire', je me rendis sans tarder dans la tente des podologues. Nouvelle séance de vidage des phlycténes + remplissage par de l'éosine + strapping.
Avec des "pneux neufs", je rejoins Manu au réfectoir; il me confirme son abandon, son genou le faisant visiblement trop souffrir. Je suis déçu pour lui; c'est vraiment "bête" d'abandonner si prés du but.
Je mange donc , puis direction dortoir (des toiles de tente de l'armée et des lits picot (un vrai palace comparé à ce que nous avons eu à Cilaos). Un militaire me demande à quelle heure je souhaite être réveillé; c'est une attention vraiment sympathique, je lui dis 22h45 sans croire un instant qu'il prendra la peine de venir me réveiller à l'heure dite. Effectivement, je ne l'ai jamais revu et j'avais bien fait de compter sur mon alarme pour le réveil.

23h06, départ de Deux-Bras


Aprés 2h30 d'un presque sommeil, je quitte Deux Bras aprés un ultime café trés sucré. Je monte seul dans la nuit noire vers Dos d'Ane. Il n'y a personne sur le sentier, je n'entends aucune activité humaine, et l'idée de faire fausse route commence à se faire obsédante. Elle ne me quittera que lorsque j'aurais rejoint un couple de raideurs, plus d'une heure aprés mon départ de Deux-Bras.

01h57, arrivée à Dos D'Ane


Il n'y a personne à Dos d'Ane ce dimanche matin à 02h00, enfin presque personne: trois militaires sortis de nulle part me saluent sur le bord de la route, m'encouragent. Puis viennent les bénévoles du poste de controle, puis un petit groupe de raideurs que je rejoins avant la montée sur Cap Noir. La montée est décidément plus facile en groupe que lorsque l'on est seul. Ces raideurs sont trés sympathiques. L'un deux remarque qu'il faudra qu'ils achétent des cartes postales pour se faire une idée des paysages qu'ils ont traversé de nuit (Mafate et Dos d'Ane)

03h09, arrivée à Dos D'Ane Stade


Aprés avoir gravi le cap noir et la roche vert bouteille (<- je suis plus trop sûr du nom), on rejoint une nouvelle fois Dos d'Ane et son stade. S'annonce alors la "derniére montée" vers le piton Bazar.
Je pensais qu'il n'y avait plus de difficultés et envisageais d'arriver à Saint-Denis vers 10h00.
En fait, le sentier qui menait à flanc de paroi vers le kiosque de la plaine d'Affouches était "interminable", sans difficultés mais "interminable".
Finalement j'aborde les 13 derniers km du Grand Raid avec l'idée qu'il ne s'agit que d'une formalité puiqu'il n'y a plus que de la descente.
Encore une fois, je me trompais. C'était "interminable".

11h14, arrivée au Colorado


Cette fois-ci, ça y est, l'arrivée est toute proche. D'ailleurs, les bénévoles du "dernier poste de contrôle" nous demandent d'enfiler le tee-shirt officiel (celui avec toutes les pubs sponsors). Je croise un "raideur zombie" qui repart à contre-sens; il n'a pas dormi du tout depuis le départ, il ne sait plus vraiment où il est, ce qu'il fait ni pourquoi il le fait. Dans ces conditions, je l'accompagnerai jusqu'à l'arrivée, la descente du colorado, avec son sol glissant, ses racines aériennes, ses arbres couchés en travers du sentier se révélant un peu dangereuse pour lui.

13h01, l'arrivée au stade de La Redoute , Saint-Denis


On voit le stade bien avant d'y arriver. C'est presque "interminable". Puis on finit par le rejoindre. Je suis presque euphorique (je dois être saturé en endorphines). Je suis preque étonné d'être là, d'avoir terminé ce qui quelques heures avant encore me paraissait interminable. Les organisateurs ont prévu un quart de tour de stade, que j'effectue sous les applaudissements d'un public nombreux, et surtout en compagnie de Baptiste qui semble trés fier de son papa.
Je franchis le ligne d'arrivée, presque dans un état second. Je suis accueilli par une charmante jeune fille qui me remet une médaille, m'embrasse et me félicite.
Ca y est, c'est fini, aprés 57 heures 1 minute et 27 secondes.
Et vous savez quoi ?
J'en ai pas eu assez, alors en 2005 je remets ça ;-)


Temps de course et heure de passage aux différents points de contrôle
Grand Raid, edition 2004
Grand Raid 2004, derniére ligne droite
La météo pour le départ du Grand Raid
Grand Raid 2004: j'ai survécu
Ma diagonale des fous (1/2)
Le Grand Raid avec Clicanoo
Le Grand Raid Réunion - Diagonale des Fous, édition 2005: le journal d'un raideur

Lundi 1 Novembre 2004

Ma diagonale des fous (1/2) - LSZ

Ceci est le récit d'une course de montagne s'étant déroulée à La Réunion du 22 au 24 Octobre 2004

Vendredi 22 octobre 2004


Aprés une nuit trop courte, réveil à 00h30. Sitôt debout, je me force à avaler une grande assiette de pâtes (beurk, mais bon, il y a quand même 140 km).Ultimes préparatifs, ultime vérification du matériel: sifflet, frontale, couverture de survie, ..., OK, tout est là. Et voilà, c'est parti, direction le Baril pour un départ prévu à 04h00. Sur la route, on croise déjà de nombreux concurrents, aisément reconnaissables par leurs tee-shirts officiels jaunes citrons.

01h30, arrivée au Baril


Le départ n'a lieu que dans 02h30, mais déjà de nombreux concurrents sont sur places. Et moi qui pensait être trop en avance. Je me dirige vers le premier point de contrôle, pour une vérification du matériel et un premier pointage. Chouette, il y a déjà un point de restauration: café chaud et sandwich jambon beurre me font oublier l'infâme assiette de pâtes. Je retrouve Manu, Daniel et Greg: oulà, ils pétent la forme.
Au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'heure du départ, le stade s'emplit, et l'ambiance commence à devenir "électrique". Sagement, nous nous plaçons au plus prés de la ligne de départ. Les organisateurs et le maire de Saint Philippe adressent leurs derniers encouragement à tous ces fous, puis ensemble, nous comptons à haute voix sur un chronométre géant les dix derniéres secondes précédant le départ: 10, 9, 8, 7 , 6 ...

04h00, le départ


5, 4, 3 , 2, 1 C'est parti. Formidable, ça pousse fort derriére, ça pousse fort sur les côtés, tant et si bien que je suis soulevé de terre et effectue mes 15 premiers métres de course littéralement porté par la foule. Trés vite, la foule compacte des raideurs s'étire en un long ruban, sous les applaudissements des Saint-Philippois trés matinaux. Ca court déjà trés vite, ça double sur les trottoirs, et je dois me forcer pour résister à la tentation de suivre tous ces raideurs. En quelques minutes, je me fait doubler par plusieurs centaines de concurrents. C'est de la folie, ils savent qu'il reste encore 140 km ? On quitte la RN2 et on s'engage sur la route forestiére de Mare Longue. L'ambiance s'apaise au fur et à mesure que la pente s'incline légérement; déjà certains concurrents semblent payer un départ trop rapide. Je me retourne, stupeur, il n'y a presque plus personne derriére moi, je suis parti trop lentement, c'est pas bon, je vais bientôt me retrouver dans les inévitables bouchons du GR2 menant au volcan, et je risque alors de prendre vraiment trop de retard. Je décide de forcer un peu le train, et me voilà à mon tour en train de redoubler tranquillement plusieurs groupes de concurrents. Aprés une heure trente de marche, le jour se léve, je reconnais devant moi la silhouette de Manu: c'est cool, je me sentais pas trop de continuer à marcher seul. Greg et Daniel sont partis comme des fusées, on ne les reverra plus.

06h30, arrivée au kiosque des Camphriers


Plus de 2 heures pour faire les 16 premiers kilométres. Fini la belle route forestiére large et peu pentue. On mange, on boit, on refait le plein des camels bak, et on attaque la premiére difficulté du grand raid: 5 km d'un sentier étroit et sévérement pentu dont je n'ai pas gardé un trés bon souvenir lors de mes courses d'entrainement: je redoute un peu l'asphyxie dans les presque 2000 métres de dénivellé positif qui nous séparent de la route du volcan. Rapidement, je m'aperçois qu'il n'en sera rien: 2000 raideurs sur un sentier d'environ 1 métre de large, ça crée des bouchons. On n'avance que trés lentement à la queue leu leu, il est trés difficile et preque inutile d'essayer de doubler. On subit bon gré mal gré le rythme décidément trop lent et les nombreux arrêts. Manu se réjouit de la situation: "on va péter la forme dans la Plaine des sables".

09h30, arrivée à Foc Foc


Manu avait raison, on s'est bien économisé dans la montée sur Foc Foc, et on aborde la Plaine des sables dans d'excellentes conditions. J'ai bien envie de courir un peu, mais il reste encore pas mal de chemin à parcourir. Ca serait bête de se griller avant l'arrivée à Cilaos. Finalement, on décide de rester sur un rythme pépére.

11h40, arrivée sur la route du Volcan


On aura mis le temps, 7h40 pour faire les 30 premiers km. On arrive au premier gros point de ravitaillement. Coca, soupe aux vermicelles, jambon beurre, on refait le plein du camel bak et on repart sans trop tarder vu qu'on se sent vraiment bien. Au loin, on aperçoit un mince filet de coureur qui grimpent sur le point culminant du parcours, l'oratoire Sainte Thérése culminant à 2400 métres. L'ambiance est trés sympa, il y a énormément de monde qui s'est déplacé au volcan pour encourager les raideurs: "Vas-y Manu, Bravo, vas-y Lionel" s'exclament certains supporters. Ca fait chaud au coeur. La montée sur l'oratoire Sainte Thérése, puis la descente sur le piton Textor, puis le châlet des Pâtres ne sont qu'une formalité. Je me surprends de tant d'aisance. Au loin on apercoit la RN 3. Bonne surprise, les averses prévues par Météo France n'ont pas eu lieu.

15h30, arrivée sur la RN3


Eliane, Erwan et Baptiste sont comme prévu au rendez-vous. Je change de tee-shirt, de chaussettes, et un petit vent frais me convainc d'abandonner mon cuissard pour un collant. J'informe Eliane qu'on n'arrivera probablement pas avant dimanche matin. Dernier bisou et c'est reparti. Je commence à m'inquiéter de l'état de mes pieds: pas de grosse douleur mais la perception trés distincte d'au moins deux phlycténes sur chacun des talons me font craindre le pire pour les heures qui viennent.

15h51, arrivée à Mare à Boue


Les militaires des FAZSOI ont pris en charge le point de ravitaillement de Mare à Boue. De trés nombreux concurrents ont fait une halte: l'ambiance est chaleureuse, la soupe au vermicelle vraiment bienvenue, et l'odeur du poulet grillé irrésistible aprés 50 km de course. Aprés une halte d'environ 40 minutes, on se force un peu pour repartir. Manu me fait part de ses craintes: la montée sur le coteau Kerveguen en pleine nuit ne lui a pas laissé un excellent souvenir lors de ses marches d'entrainement. On verra bien, c'est reparti; l'organisation a prévu un contrôle des sacs pour s'assurer que chaque concurrent dispose bien de sa frontale, de piles de rechange, du sifflet, de la couverture de suvie: effectivement, l'avenir montrera que ce dernier accessoire peut être bien utile. Commence alors une montée sur le coteau maigre tandis que le soleil décline, que le froid se fait plus cuisant, et que les premiers symptômes se font sentir d'une diarrhée qui m'occupera bien dans les 48 prochaines heures. Aprés deux heures de marche (et deux arrêts dans les buissons), nous progressons lentement et n'avons toujours pas franchi le coteau maigre. Le brouillard, le froid , la nuit et le crachin entame le moral des concurrents qui forment spontanément des petits groupes fort sympathique ou chacun fait part de son empathie pour les plus affectés. On passe quelques échelles et enfin on arrive sur le coteau Kerveguen. J'ai enfilé tous les vêtements dont je dispose, ainsi qu'une paire de gants et malgré celà, j'ai froid. Il pleut, il fait nuit, le brouillard se fait plus dense. Pour la premiére fois de la course, j'envisage l'abandon. Mais pour l'instant , il n'y a pas le choix, il faut impérativement continuer et rejoindre Cilaos.

20h00, arrivée au point de ravitaillement de Kerveguen


Ca faisait bien 10 minutes qu'on entendait tous ronronnait le moteur du groupe electrogéne, et qu'on attendait impatiement d'arriver sur le point de ravitaillement. Enfin , le voilà qui apparait brutalement aprés un dernier talus. Nouveau pointage, et pour la premiére fois , l'expression du bénévole qui m'accueille d'un chaleureux "Bravo Lionel" me fait dire que je dois être physiquement bien marqué par la course. On m'invite à prendre un bol de soupe au vermicelle. J'en prends un deuxiéme, un troisiéme, ..., rien à faire, le froid m'envahit. Manu est lui ausi trés marqué. Une bénévole lui demande: "Vous n'avez pas de vêtements chauds ?", et Manu de répondre en claquant les dents: "si, si, dans mon sac d'assistance, ..., en bas, ..., à Cilaos !" On lui propose de se recouvrir d'un sac poubelle. Aprés une demi-seconde d'hésitation, un trou pour la tête, deux trous pour les bras, et le voilà revêtu d'une superbe combinaison high-tech: "merci, c'est ma taille !"
Je reconstitue mon stock de papier toilette. Le froid est insupportable, aprés un dernier bol de soupe, Manu et moi repartons sans délai, direction Cilaos. S'ensuit alors 1h30 d'une vertigineuse descente de prés de 1000 m sur la capitale des lentilles, que l'on distingue trés clairement à travers la brume. Aprés une succession d'échelles toutes plus "casse-gueule" les unes que les autres, nous arrivons sur Bras Sec et le ravitaillement de Mare à Joseph. Cilaos parait tout prés, mais petite surprise de l'Organisation, il reste encore 8 km et une centaine de métres de dénivellé positif (et autant en négatif) à franchir au niveau de la Ravine de Bras de Benjoin. Agréable surprise, je me suis refais une petite santé dans la descente de Kerveguen. Aprés une heure de marche, nous rejoignons enfin Cilaos sous les encouragements de supporters encore présents malgré l'heure tardive.

23h00, arrivée à Cilaos


Déjà 19 heures de course et 70 km, nous arrivons à mi-parcours, nous atteignons le principal point de ravitaillement du Grand Raid, la salle de sport du stade municipal de Cilaos. Il y a foule, tant au niveau des concurrents que des bénévoles. Je me dirige sans attendre vers le stand des podologues. Et c'est avec une certaine appréhension que j'ôte mes chaussures et mes chaussettes. Ouf, plus de peur que de mal: j'ai deux énormes ampoules sur les talons, une sur le petit orteil et quelques points d'échauffement, mais l'essentiel est là, j'ai réussi à préserver l'intégrité cutané de mes pieds. Le podologue s'applique à "vider" les ampoules de leur lymphe, puis d'y injecter de l'éosine; il recouvre le tout d'un pansement hydrocolloide, solidement maintenu par un strapping, et m'invite à faire refaire celà à Deux Bras.. L'avenir montrera que celà est diablement efficace. Je rejoins Manu, on se restaure, et on décide de repartir le samedi matin à 04h00. On zappe sur la douche (ça fait longtemps qu'il n'y a plus d'eau chaude, et il vaut mieux éviter de mettre en contact nos plaies avec le bouillon de culture que constitue le sol des douches aprés le passage de plusieurs centaines de concurrents). On se couche donc pas trés frais. Il y a tellement de monde que l'on se contentera d'un couchage sommaire à base de "nattes" en carton, jetées à même le sol, enveloppés dans nos couvertures de survie.
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Temps de course et heure de passage aux différents points de contrôle
Grand Raid, edition 2004
Grand Raid 2004, derniére ligne droite
La météo pour le départ du Grand Raid
Grand Raid 2004: j'ai survécu
Ma diagonale des fous (2/2)
Le Grand Raid avec Clicanoo

Dimanche 24 Octobre 2004

Grand Raid 2004: j'ai survécu - LSZ

médaille du Grand Raid 2004

Aprés 57 heures 1 minute et 27 secondes, j'ai enfin atteint la ligne d'arrivée.

Temps de course et heure de passage aux différents points de contrôle
Grand Raid, edition 2004
Grand Raid 2004, derniére ligne droite
La météo pour le départ du Grand Raid
Ma diagonale des fous (1/2)
Ma diagonale des fous (2/2)
Le Grand Raid avec Clicanoo




Jeudi 21 Octobre 2004

La météo pour le départ du Grand Raid - LSZ

Les semis raideurs devraient connaître une journée assez agréable, même si le temps se couvre au fil des heures.

Pour les plus fous qui traversent toute l'île, la montée au volcan se fera sous la grisaille et des averses qui cependant ne seront pas trop fortes.

En altitude sur Foc-Foc et le coteau Kerveguen le vent soufflera dans la journée. Le ciel restera gris. D'un autre côté les températures ne seront pas trop dures à supporter. Au petit matin à la plaine des sables elles atteignent 7°C à l'arrivée des premiers coureurs et 13 en journée. A Cilaos, elles atteindront 21°C en journée.

Source :Météo France


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